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Ressources pour une éducation queer et inclusive

Gabrielle Richard, Hétéro, l’école ? Plaidoyer pour une éducation anti-oppressive à la sexualité.

couverture du livre Hétéro, l'école ? de Gabrielle Richard
Référence bibliographique :

Richard Gabrielle (2019), Hétéro, l’école ? Plaidoyer pour une éducation anti-oppressive à la sexualité, Montréal : Éditions du remue-ménage.

Type : Cet ouvrage est un plaidoyer promouvant la mise en œuvre d’une pédagogie dite queer ou anti-oppressive. Il s’agit d’une pédagogie qui, à l’inverse de la démarche dite inclusive, n’a pas pour fin d’intégrer les différences, envisagées comme étant des exceptions par rapport à une norme dominante. Celle-là interroge la norme même et la manière dont elle est produite au sein de l’ordre social cis-hétéronormatif.

 Concepts : L’autrice questionne la prétendue neutralité de l’école et engage une réflexion sur son rôle dans la (re)production et la transmission des normes de genre et de sexualité. Elle analyse différentes approches d’éducation à la sexualité, de la plus traditionnelle au modèle qu’elle défend : la pédagogie queer. Elle s’inscrit ainsi dans la continuité des travaux sur les pédagogies critiques et anti-oppressives, notamment ceux de Paulo Freire, de bell hooks ou plus récemment en France d’Irène Pereira.
 

Courte présentation de l’autrice :

Gabrielle Richard est sociologue du genre. Elle interroge les normes relatives au genre et à l’orientation sexuelle en milieu scolaire, à partir d’une approche comparative entre la France et le Québec. Elle est actuellement chercheure associée à l’Université Paris-Est Créteil.

Résumé :

Gabrielle Richard défend la thèse selon laquelle les programmes d’éducation à la sexualité, tels qu’ils sont mis en œuvre en France et au Québec depuis le milieu des années 1970, ne sont pas neutres. Ils sont cis-hétéronormatifs, c’est-à-dire qu’ils produisent un certain type de corps, d’identités et de sexualités considérées comme étant normales. L’école « sexualise », au sens où l’hétérosexualité des jeunes gens est constamment présupposée. En ce sens, elle n’est pas conçue comme étant une orientation sexuelle parmi d’autres, mais comme étant la norme « naturelle ». De même, l’école s’appuie sur une conception binaire du genre et découlant du sexe biologique. L’autrice montre ainsi en quel sens le milieu scolaire reproduit et perpétue une « mise en genre », engagée dès la petite enfance. Du point de vue des pairs c’est-à-dire sur le plan horizontal, une « mise en genre » réussie se manifesterait pleinement à l’adolescence par une « mise en hétérosexualité ». Du point de vue vertical, c’est-à-dire dans les rapports des jeunes avec l’institution, une culture institutionnelle hétéronormative cristalliserait une socialisation genrée dans les règlements et les codes vestimentaires mais aussi dans les messages et injonctions plus ou moins explicites qui leur sont envoyées. 

Les programmes d’éducation à la sexualité se développent depuis le tournant des années 1970 et, en France (en 1973, la circulaire Fontanet autorise officiellement l’éducation à la sexualité en milieu scolaire) comme au Québec, ce sont les dimensions préventives et sanitaires qui dominent, dans un contexte d’épidémie du VIH. Or, aborder la sexualité strictement sous l’angle de la prévention, en occultant notamment l’importance du plaisir, véhicule une représentation négative de la sexualité adolescente, qui serait nécessairement risquée et irresponsable. De plus, un manque notable de temps, de moyens et même de courage politique ne permet pas de lutter contre le poids de la socialisation genrée. Rares sont les séances qui prennent le temps d’aborder des sujets pourtant essentiels tels que les orientations sexuelles et identités de genre ou les violences sexistes et sexuelles. 

À cette analyse, Gabrielle Richard associe une étude concrète des enseignements et des contenus de manuels scolaires (toutes matières confondues). Elle démontre, par exemple, que les cours de SVT transmettent une compréhension binaire des notions de sexe et de genre ou encore une conception de la sexualité basée sur la reproduction chez le couple hétérosexuel. L’autrice insiste alors sur l’échec de l’école à répondre aux besoins des élèves LGBTQIA+, niant systématiquement leurs corps, leurs existences et passant leurs expériences sous silence. L’ouvrage met également l’accent sur l’usage des mots et ses conséquences, en illustrant le propos de courts témoignages. En effet, les discours entendus en classe peuvent faire autant de bien – lorsqu’ils incluent, donnent une représentation à celleux qui en manquent – que de mal – lorsqu’ils stigmatisent, pathologisent ou véhiculent des stéréotypes. Ainsi, Hétéro, l’école ? est un bon outil pour interroger les pratiques éducatives.

Dans la dernière partie de l’ouvrage, Gabrielle Richard propose de « sortir de l’impasse » avec la pédagogie queer. Elle prône un modèle d’éducation à la sexualité selon trois principes. Éduquer à une sexualité positive, qui met l’accent sur l’autonomie des individu·e·s dans la définition de leurs plaisirs et dans l’appropriation de leur corps. Éduquer à une sexualité inclusive, valorisant la diversité d’expériences et d’identités au-delà d’une catégorisation binaire. Éduquer à une sexualité anti-oppressive, en encourageant le développement d’un regard critique sur les normes, leur production et sur les rapports de pouvoir.

Intérêt pédagogique : 

L’ouvrage propose des exercices pratiques à mettre en œuvre avec les élèves, notamment le théâtre-forum, l’exercice des privilèges et l’exercice d’inversion, qui permettent d’apprendre à se mettre à la place des autres et à réfléchir sur sa propre position sociale.

Intérêt scientifique:

L’intérêt de cet ouvrage est de présenter sur le plan théorique les avantages propres à la pédagogie critique ou anti-oppressive, en la comparant avec d’autres formes de pédagogies (notamment avec les modèles traditionnel ou préventif). 

Pour aller plus loin :

Consulter notre article sur l’épisode « À l’école, être hétéro ou ne pas être » du podcast Camille dans lequel Gabrielle Richard est invitée. 

Rédacteur·ice : Lu

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