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Ressources pour une éducation queer et inclusive

Vers une pédagogie queer

Référence bibliographique :

Gracia Trujillo (2015), « Penser depuis un autre lieu, penser l’impensable : vers une pédagogie queer », Educ. Pesqui., São Paulo, v. 41, n. especial, pp. 1527-1540.

Type : Disponible sur le site web de l’Institut de Recherche, d’Etude et de Formation sur le Syndicalisme et les Mouvements sociaux (IRESMO), la traduction française de l’article de Gracia Trujillo publié en 2016 nous présente l’expérience de l’auteur.ice qui, lors de ses cours de sociologie à l’université de Madrid, nous invite à réfléchir aux enjeux du développement de pédagogies plus « queer ». 

Courte présentation de l’auteurice :

Gracia Trujillo est sociologue et activiste féministe queer, enseignant.e à l’Université Complutense de Madrid. Ses travaux portent sur les mouvements sociaux, la sociologie de l’éducation, la sociologie du genre et des sexualités, dans une perspective intersectionnelle.

Résumé :

Loin de se focaliser uniquement sur une question « d’inclusivité », l’idée développée dans cet article court et synthétique est de contester les normes sociales établies elles-mêmes. C’est là l’intérêt de la perspective de « la marge » (pour reprendre les termes de bell hooks), et des personnes qui sont marginalisées par l’organisation actuelle du monde. Brouiller les pistes, changer les repères, apporter de nouvelles questions, contester (parfois simplement par son existence) les idées et les pratiques qui semblent « normales », « naturelles »… L’expérience queer (on le rappelle : ce mot signifie “bizarre” en anglais et était utilisé comme une insulte pour celleux qui ne rentraient pas dans les cases cisgenre et hétéro) apporte un potentiel de critique et de changement radical des structures instituées.

Elle commence donc par nous raconter comment elle amène sa classe de futur·es enseignant·es à s’interroger sur les normes de genre à partir d’une vidéo diffusée en classe. Le court-métrage reconstitue l’expérience de Mario, 6 ans, qui porte une robe à l’école et voit dans les réactions de ses pairs et des adultes la signification claire qu’iel déroge (et dérange) à des codes implicites. Jusqu’ici, rien d’étonnant malheureusement. L’intérêt de la réflexion de Trujillo, c’est qu’elle ne laisse pas tomber sa classe dans un simple raccourci qui tendrait à tout de suite associer une sexualité ou une identité de genre particulière à l’enfant. À la place, elle se saisit de ce raccourci, qui émerge à la fois dans la vidéo et dans sa classe, pour questionner comment un simple bout de tissu peut, avec une telle efficacité, assigner une catégorie particulière à une personne en un dixième de seconde. 

Plutôt que de partir des catégories que nous connaissons (L,G,B,T,Q,I,A etc) comme des acquis, pour demander une reconnaissance et une inclusion dans les conceptions générales de notre société, Trujillo nous invite à nous interroger sur ce qui se passe avant que ces catégories viennent au monde. Sur quelles bases sont-elles construites, à quoi est-ce que cela renvoie ? Et surtout… Quels éléments devrions nous changer pour qu’un jour, peut-être, il ne soit plus nécessaire de revendiquer ces catégories, pour brouiller les frontières qui nous enferment actuellement et que le terme queer lui-même n’ai plus de sens ? 

Partir de soi, ses propres désirs, ses propres émotions, écouter celles des autres aussi, et en particulier celles qui semblent étranges, qui sortent de nos cadres de compréhension. Voilà la première étape présentée d’une pédagogie queer, qui vient stimuler la construction et l’expansion des subjectivités individuelles. Pour l’autrice, « Les contributions queer mettent plus l’accent sur les pratiques que sur les identités et questionnent les binarismes sur lesquels on assoit le savoir et la culture dominante ». La deuxième étape ? Tisser des liens de solidarité. Si l’expérience queer vient questionner la normale/l’anormal, en terme de genre, de corps, de sexualité et d’amour, elle doit se joindre aux critiques féministes, antiracistes et anticapitalistes pour étayer leur champs d’action. “Si la pédagogie queer est engagée dans la pratique radicale de déconstruire la normalité, cela signifie que l’on ne peut pas nécessairement se limiter à enseigner pour et sur les sujets queer.” Dernière étape, à défaut de pouvoir traiter de ces sujets dans des cours qui leur sont spécifiquement dédiés, c’est une approche, et non un contenu, queer, qu’il faut viser et intégrer à toutes nos pratiques éducatives. Comme diraient les québecois.e.s, l’idée est d’être “en questionnement” (au Québec, le « q » de queer signifie également « en questionnement »).

Rédacteur·ice : Nico

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