Avis de lecture // Sarah Waters – Derrière la porte

Présentation générale

Derrière la porte (2014) est le sixième roman de l’autrice anglaise Sarah Waters. Il est paru en grand format aux éditions Denoël en 2015 puis au format poche en 2016, aux éditions 10|18.

Mots-clés : drame, romance, 1920’s, homosexualité féminine, Londres

Public / Pour : Lycée, lecture plaisir

Résumé

1922. Angleterre. La guerre est finie depuis 4 ans, beaucoup d’hommes n’en sont jamais revenus. Des fils, des frères, des pères, des amants, des amis, des maris. La vie a continué pour les femmes, repris pour les hommes.

1922. Banlieue paisible de Londres. Frances, 26 ans, vit avec sa mère dans leur maison bourgeoise. Elles vivent. Elles survivent, plutôt. Belle image de la classe aisée dont les deux frères de Frances sont morts au combat et dont le Père, mort de chagrin après la guerre, a laissé ses dettes s’accumuler dans le dos de sa femme et de sa fille.

Alors, pour garder les apparences auprès des amis, des voisins, des gens de leur classe — malgré l’absence de domestiques et de jardiniers — Frances et sa mère décident de louer les chambres du haut, vides d’hommes et réaménagées.

Elles accueillent un couple de la classe moyenne, aux mœurs diamétralement opposées aux leurs. Les Barber. Lui, Leonard Barber, ancien soldat et désormais employé dans une entreprise. Un brin séducteur. Elle, Lilian Barber, une femme au foyer bohème et excentrique. Un brin attirante. Eux, bruyants, envahissants, différents.

Avis 

★★★☆☆

Sans étonnement, c’est d’abord le mépris de Frances pour Lilian qui va l’attirer doucement, sûrement, vers elle. Et comme toujours chez Sarah Waters, une bascule vers la séduction, le jeu de la tentation puis… la passion. Et toujours, l’élément qui dérange, qui nuit au couple. Ici, Leonard le mari.

C’est le cinquième roman de Sarah Waters que je lis. Je suis habituée et toujours ravie de lire ces vies de femmes à des époques variées. Dans ce livre, c’est l’Angleterre d’après-guerre comme dans L’indésirable et on y retrouve cette décrépitude d’une maison en même temps que celle d’une famille. L’une est inéluctable, l’autre peut renaître, revivre.

Il y a un peu de Caresser le velours dans le passé sufragette et féministe de Frances. Et un peu de Du bout des doigts pour un élément que je ne dévoilerai pas.

En fait, il y a un peu de tout ce qui est cher à l’autrice dans ces différents romans, y compris la sensualité saphique.

Mais étonnement, malgré un romantisme parfois mièvre qui tranche un peu avec les ouvrages précédents de l’autrice, la description foisonnante et riche de détails du contexte socio-culturel et historique rendent captivante la lecture. Cette inscription historique permet de se projeter sur ce que des formes d’amours lesbiens ont pu prendre à d’autres époques et en offre une représentation peu commune. 

C’est peut-être parce que le lien entre Frances et Lilian est vraiment dangereux dans cette maison étroite et aux parois minces, et en même temps très fantasmé, très amour volé que j’ai eu du mal à venir à bout des 700 pages. Mais en même temps, l’autrice sait varier l’écriture de l’Amour pour toucher différents lectorats. Ici, l’Amour y est plus fougueux, plus improbable, plus torturé…