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Ressources pour une éducation queer et inclusive

Tribune – Plus que jamais, la transphobie ne cesse de tuer, tant à l’école que dans la société.

C’est avec effroi, colère et rage, que nous avons appris le suicide d’un élève trans’ au Mans, la veille de l’ExisTransInter du 14 mai 2022. Cet élève s’est donné la mort en plein cours, sous les yeux de ses camarades et de son professeur. Après le suicide d’Avril en décembre 2020, combien de mort·es faudra-t-il encore pour que l’institution scolaire réagisse, afin de contrer les violences transphobes qui se perpétuent tant à l’école que dans la société ? 

Ce drame manifeste l’échec de l’institution scolaire à apporter des réponses à la hauteur des problématiques rencontrées par les élèves LGBTQI+ (souffrances psychiques et physiques, harcèlement…). Cet échec est la conséquence de décisions politiques. 

La circulaire publiée en septembre 2021, relative à la prise en compte de l’identité de genre en milieu scolaire, place l’autorité parentale au-dessus du principe d’autodétermination des mineur·es, concernant le choix des prénoms et pronoms. L’identité de genre relevant du ressenti propre à chacun·e, la meilleure façon de la reconnaître est en effet de se fier à l’auto-identification individuelle. La décision de mettre en avant l’autorité parentale montre une méconnaissance, voire un déni de la situation des enfants trans’, particulièrement exposé·es aux violences intra-familiales et pouvant vivre des situations familiales complexes, du fait de leur parcours de transition. Plutôt que de contribuer au renforcement de la domination des adultes sur les enfants, l’école devrait représenter un espace d’émancipation pour ceux-ci. Ce serait possible, à condition qu’on reconnaisse aux élèves la capacité à faire preuve de réflexion et à s’autodéterminer, s’agissant de leur identité de genre et de leurs sexualités.

Or, selon Gabrielle Richard, « [cette circulaire] dépossède les jeunes mineur·e·s de tout pouvoir d’action sur leur transition scolaire ». Autrement dit, l’élève est conçu comme étant subordonné à l’autorité parentale, contre une approche trans-affirmative, qui considère les personnes trans’ comme les seules expertes de leur vécu singulier, et qui cherche à les accompagner dans l’affirmation de leur genre. La circulaire rigidifie en outre le cadre institutionnel, laissant moins de marge de manœuvre aux établissements qui pratiquaient déjà des changements de prénom et de la mention de genre sur l’ENT, non conditionné au changement de l’état civil. En somme, le vademecum, document préparatoire rédigé par les associations de personnes trans’ et alliées, a été vidé de sa substance et ce au mépris manifeste du travail des associations de terrain. 

Nous le réaffirmons, il est plus que jamais nécessaire de former tout le personnel éducatif aux problématiques LGBTQI+ et aux discriminations structurelles qui affectent la communauté LGBTQI+. Ces problématiques devraient être intégrées à la formation initiale et continue du personnel éducatif, et ne pas relever simplement d’initiatives individuelles et/ou ponctuelles. Si le gouvernement est capable d’imposer une formation obligatoire à la laïcité, pourquoi ne pas faire preuve d’une velléité politique analogue, dans la lutte active contre toutes formes de discriminations ? 

Nous appelons le personnel éducatif de l’Education Nationale et toustes les éducateur·ices à se saisir des moyens politiques et pédagogiques disponibles, afin d’œuvrer à la lutte contre les discriminations vécues par les élèves au sein des espaces éducatifs, et à leur fournir les moyens de s’émanciper des violences qu’iels subissent. 

Pour que les élèves ne soient plus assassiné·es par les agent·es de logiques structurelles transphobes, nous exigeons :

  • La reconnaissance d’un droit à l’autodétermination des enfants, en ce qui concerne l’identité de genre et les sexualités.
  • Plus de moyens pour réaliser des études, afin de prévenir les violences vécues par les élèves trans’, en lien avec les autres formes de discrimination, tant sur le plan psychique que physique.
  • Plus de moyens et plus de temps (décharge de cours) pour former tout le personnel éducatif à la lutte contre les discriminations et aux problématiques LGBTQI+. 
  • Des formations obligatoires, financées par le gouvernement et largement accessibles à tout le personnel éducatif. 
  • La mise en place effective de (minimum) trois séances  d’éducation à la vie affective et sexuelle selon une approche trans-affirmative, qui tiennent compte des identités de genre et des pratiques sexuelles dans leur diversité, sans les hiérarchiser par rapport à une norme cis-hétérosexuelle implicite.
  • La proposition d’une approche des notions de sexe et de genre qui ne soit pas binaire ni biologisante dans tous les programmes concernés.
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