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Ressources pour une éducation queer et inclusive

La transphobie tue à l’école. Lettre aux personnels de l’Éducation Nationale

Ceci est une lettre collective, initialement publiée sur le blog Médiapart Queer Education, que nous vous proposons de partager massivement au sujet de la mort d’Avril. Envoyez-la dans vos établissements, à vos collègues et à vos proviseur·es ainsi qu’aux acteur·trices de l’éducation que vous connaissez. Accompagnez votre mail de la fiche rédigée par plusieurs des membres de Queer Education : Que faire si un·e élève me dit qu’iel est trans.

Bonjour à toustes,

Nous vous écrivons aujourd’hui en tant que professionnel·les de l’éducation, collègues dans vos établissements, car nous souhaitons vous alerter au sujet d’un événement tragique survenu ce 15 décembre. Une jeune fille trans, Avril, s’est suicidée ce mardi 15 décembre après avoir vécu de la transphobie – c’est-à-dire une discrimination du fait de sa transidentité – et de la transmisogynie de la part du personnel éducatif de son établissement. Elle avait 17 ans.  

Nous sommes dévasté·e·s et nous sommes en colère.

L’Éducation Nationale a failli à son rôle. Elle n’a pas su préserver l’intégrité physique et psychique de cette élève. Un très grand nombre d’élèves, comme Avril, subissent des violences (verbales, morales, psychologiques) par l’Institution, au regard de leur genre, de leur expression de genre et de leur sexualité. Depuis la quatrième année consécutive, le rapport de SOS Homophobie rapporte une hausse des témoignages d’agressions liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, dont 20% de hausse des cas signalés en milieu scolaire par rapport à l’année précédente. Les personnes trans sont confrontées à la transphobie des institutions, y compris scolaires, et cela a de graves conséquences sur leur santé mentale, les poussant au suicide.

Si nous interpellons aujourd’hui l’ensemble de la communauté éducative, c’est parce que les actions de sensibilisation et de prévention des discriminations qui sont menées au sein de l’institution de l’Éducation Nationale sont davantage axées en direction des élèves et oublient les adultes. Or dans la situation d’Avril, on a pu se rendre compte que les élèves l’ont soutenue dans leur grande majorité par une mobilisation enthousiaste et bienveillante, là où les adultes ont été maltraitant·e·s à son égard.

Ces adultes ne sont pas des cas isolés.  L’école, comme toute institution est un lieu de reproduction des normes sociales oppressives : la norme qui y est répandue est d’être hétérosexuel·le et cisgenre (personne qui s’identifie en conformité avec le sexe assigné à la naissance, en opposition à transgenre), le sexisme y est encore mal combattu, le racisme prégnant. Ceux et celles qui ne rentrent pas dans cette norme se voient rappelé·e·s à l’ordre comme c’est arrivé à Avril / Luna, qui s’est vue interdire de porter une jupe. Adresser des commentaires humiliants ou désobligeants fondés sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de l’élève, rendre socialement invisible ou nier l’existence de certaines orientations sexuelles ou identités, imposer des normes (critiquer une fille parce qu’elle n’est pas « féminine » ou un garçon car il n’est pas « viril »), émettre des injonctions vestimentaires liées au sexe, tout cela a des conséquences dévastatrices sur les élèves et les met en danger.

Pour nous, tout cela doit s’arrêter au plus vite : l’intégrité psychique et physique des élèves doit être un acquis au sein de l’École et nullement un sujet de débat.  

Il est nécessaire maintenant que nous nous mobilisions pour que cessent ces violences. Nous devons nous former, nous devons agir.

En tant qu’adultes de l’Éducation Nationale, notre rôle est d’accompagner de manière bienveillante et respectueuse les élèves : cela passe notamment par le respect de leur subjectivité et de leur discours sur elleux mêmes.

Nous n’avons pas à remettre en question l’identité, l’orientation sexuelle, le genre, les pronoms, la tenue, les croyances religieuses des élèves.  Nous devons avoir confiance en elleux, en leur faculté de discernement, et en leurs capacités à savoir ce dont iels ont besoin.

Les personnels éducatifs ont un droit et un devoir à la formation sur ces questions et ce d’autant plus que la lutte contre les discriminations est inscrite dans le référentiel de compétences des professeur·es ainsi que dans le socle commun de connaissances et de compétences. La circulaire n° 2018-111 du 12-9-2018 mentionne également l’importance du renforcement des compétences psychosociales (estime de soi, gestion des émotions) dans le cadre de l’éducation à la sexualité. 

En nous appuyant sur l’existant, à travers nos forces collectives, nous pouvons améliorer et interroger nos pratiques pour la qualité de vie de nos élèves au sein de l’institution.

Le collectif Queer Education a rédigé une fiche Que faire si un·e jeune me dit qu’iel est trans ? Celle-ci est un outil précieux afin d’accompagner au mieux un·e élève trans.

Quelques ressources à consulter :

   –  Le guide d’accompagnement Prévention de l’homophobie et de la transphobie dans les collèges et les lycées. Vous trouverez dans ce document des préconisations précises permettant d’assurer un cadre sécurisant aux élèves LGBTQIA+.

 – Cet épisode du podcast Camille avec Lexie, très pédagogique sur les questions de transidentité 

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