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Ressources pour une éducation queer et inclusive

Prise de parole de Queer Education à la Marche de Visibilité Lesbienne, 23 avril 2022

Le 23 avril 2022, Queer Education prenait la parole à la Marche de Visibilité Lesbienne. Nous publions ici la transcription de cette prise de parole. Retrouvez-la en vidéo sur notre compte Instagram

Alors que demain nous nous trouverons à nouveau confrontées à un face à face entre Macron et Lepen, il nous paraît primordial de revenir sur ces 5 dernières années en tant que personne queer mais aussi et surtout en tant que fonctionnaires queers, soucieux·ses de nos élèves.

Ce quinquennat a été, pour de nombreux•ses fonctionnaires, éprouvant. Nous en ressortons à la fois épuisé•es et en colère. En tant que personnels éducatifs, de la fonction publique ou du privé, nous sommes encore trop souvent témoins – et parfois la cible – des politiques islamophobes du gouvernement d’Emmanuel Macron. Nous sommes témoins du harcèlement que subissent chaque jour les populations racisées, dont font partie nos élèves mais aussi nos collègues et adelphes.

Nous avons assisté à la répression violente des manifestations étudiantes et des blocus lycéens. Il n’est pas acceptable que des adultes, fonctionnaires, se permettent d’humilier et de malmener ainsi des mineur•es et des citoyen•nes. Nous gardons en tête les images glaçantes de nos élèves agenouillé•es et réduit•es au silence, dans une démonstration viriliste qui trahit l’échec de la politique d’Emmanuel Macron. Nos élèves n’ont pas à payer le prix de leur incompétence.

De plus, nous dénonçons le refus du gouvernement Macron de déconjugaliser l’AAH malgré les nombreuses mises en garde des militant•es anti-validistes. Comment prétendre préparer nos élèves à l’indépendance et au vivre ensemble dans un contexte qui pousse toujours davantage nos adelphes handicapé•es vers la précarité et la dépendance ?

Enfin, nous, personnels éducatifs LGBTQIA+, sommes profondément scandalisé•es par les dernières déclarations d’Emmanuel Macron concernant l’éducation à la sexualité. Face à cette méconnaissance des missions de l’école de la République, nous craignons la mise en place d’une rhétorique LGBTphobe à l’image de la loi “Don’t Say Gay” actuellement votée aux Etats-Unis.

Il nous semble aujourd’hui urgent de dénoncer cette position conservatrice qui menace nos élèves mais aussi les enseignants et enseignantes queers dont nous faisons partie. Nous existons, en maternelle, au primaire, au collège, au lycée et dans tous les domaines de l’éducation et cela, que Macron le veuille ou non. Nous refusons le placard dans lequel il cherche à nous enfermer. Nous refusons de perpétuer l’hétéronormativité qui nous étouffe, nous et nos élèves.

Bien loin des discours du ministre sur la bienveillance, l’école de Jean-Michel Blanquer est une école de la méritocratie qui nous révolte. C’est une école du mépris. Un mépris pour les enseignants et enseignantes mais, surtout, un mépris pour les élèves, en particulier celle•eux des lycées professionnels et de banlieue.

En imposant une réforme du bac inapplicable avec les moyens actuels, Blanquer met une fois encore nos élèves, déjà fragilisé•es, en échec.

À cela il faut ajouter la plateforme d’orientation scolaire ParcourSup qui, en mentionnant systématiquement le nom du lycée d’origine des élèves sur leur dossier, participe à leur ghettoïsation par un effet de tri géographique mais aussi en renforce les discriminations classistes et racistes qu’iels subissent déjà.

Enfin, l’instrumentalisation de nos élèves Dys au profit d’une logique réactionnaire lors des débats sur l’utilisation de l’écriture inclusive nous est intolérable. Jean-Michel Blanquer préfère se battre contre les moulins à vent d’un prétendu “Wokisme” au lieu de protéger les nombreux.ses élèves trans, non-binaires, gay, lesbiennes, bi/pan, queers en souffrance dans nos établissements et de former correctement l’ensemble des professionel·le de l’éducation aux questions LGBTQIA+.

Ce combat a pris parfois le pas sur la gestion de la crise sanitaire. Nous nous rappelons de ce pseudo-colloque à la Sorbonne, censé faire l’état des lieux de la recherche sur les questions LGBTQIA+ et decoloniales, financé sur fond propre par le ministère de Blanquer, qui n’a été qu’une occasion supplémentaire de désavouer le travail de nombreux•ses militant•es. Ce colloque se déroulait alors même que nous, professionnel·les de l’éducation, étions en demande et en besoin de solution concrète pour garantir à chacun•e de nos élèves un suivi et un enseignement de qualité. Cette ingérence quant à la crise sanitaire a mis en danger les élèves qui étaient à risque.

Dernier crachat sur nos luttes, sur nos existences : le vade-mecum qui a mobilisé plusieurs associations, réduit à une circulaire plus que lacunaire sur l’accueil des élèves trans désormais soumis à la décision parentale. Les personnes intersexes, quant à elles, en ont été complètement effacées.

Nous, enseignants et enseignantes queers, sommes choqué•es et écoeuré•es de ces cinq années dans l’école de Blanquer. Une école qui n’est pas et ne sera jamais la nôtre. Nous condamnons cette école et, quel que soit le résultat du second tour, nous continuerons à nous battre pour la sécurité et l’épanouissement de tous•tes nos élèves.

Aux personnes qui seraient tentées de se dire que le RN pourrait être préferable à Macron et Blanquer au vu de ce bilan, nous répondons qu’il ne faut pas être dupe de la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen, que les conséquences d’un quinquennat sous le RN seraient équivalentes voire pires pour tous•tes les membres de communautés dites minoritaires et opprimées.

Les propositions et les votes du RN sont sans équivoque quant à leur positionnement raciste, islamophobe, anti-LGBTI et anti-féministe. Si nous parlons uniquement de leur positionnement anti-LGBTI, nous pourrions commencer par rappeler que Marine Le Pen à voter contre l’extension du droit à la PMA en 2021, et que ce vote est à l’image d’un certain nombre de mesures que l’on peut trouver dans son programme comme, par exemple, l’interdiction des avortements dits « de confort » qui est un véritable retour en arrière.

Si ce bilan semble négatif nous refusons d’être fatalistes. Nous nous battons et nous nous battrons tant qu’il le faudra pour que l’éducation nationale soit à la hauteur des enjeux LGBTQIA+.

C’est pourquoi nous revendiquons :

  • Une formation adaptée pour tous les personnels éducatifs concernant l’accueil et l’accompagnement des élèves LGBTQIA+
  • Une meilleure prise en compte des élèves trans et non binaires par une modification de la circulaire de octobre 2021.
  • De mettre en place une réelle politique de lutte contre les discriminations, ambitieuse et accompagnée de moyens concrets afin d’assurer une scolarité sereine aux élèves LGBTQIA+ pour qui l’école ne devrait pas être un lieu de souffrance.
  • Une réelle mise en place des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle dans un cadre non-hétéronormée et non-ciscentré.
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