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Ressources pour une éducation queer et inclusive

Que faire si un·e élève est harcelé·e en raison de son orientation présumée ou de son identité de genre ?

Document écrit collectivement par Queer Éducation.

En tant que personnel de l’éducation ou membre de la communauté éducative, vous souhaitez aider un·e élève harcelé·e en raison de son orientation sexuelle ou son identité de genre ? Voici ce que vous pouvez faire.

Etape 1 :  L’écoute

Ne cherchez pas à apporter des solutions dans l’immédiat ! D’abord, prêtez une oreille attentive et bienveillante à l’élève qui s’ouvre à vous. Si jamais vous souhaitez être à l’initiative du dialogue, assurez-vous de le faire dans de bonnes conditions ; autrement dit ne le faites pas rapidement à la fin du cours ou dans un bureau avec beaucoup de passage. L’élève doit se sentir en sécurité et respecté·e.

De manière générale, votre premier rôle sera d’écouter.

L’élève a, en premier lieu, besoin que des adultes prennent en compte leur réalité et affirment leur soutien. Pour cela, il est nécessaire d’être attentif·ve à ses besoins et son vécu spécifique.

Faites attention à ne pas assaillir la·e jeune de questions auxquelles iel ne saura pas forcément répondre (Comment tu vas faire ? Est-ce que tu l’as dit à tes parents ? Est-ce que tu as pensé à la réaction de tes parents ?) Certaines de ces questions touchent à l’intimité de votre élève, et elles n’ont pas à être abordées à moins que l’élève veuille se confier, auquel cas votre rôle sera simplement d’écouter.

L’élève peut se sentir soulagé·e d’en parler, mais iel peut également se sentir angoissé·e, et votre premier rôle est de la·e rassurer en montrant que vous saurez l’écouter, sans la·e juger et sans attendre de sa part un savoir et une compréhension absolue de sa situation. Iel est en construction et en apprentissage, et c’est positif. En effet, l’école est un lieu de construction et d’apprentissage, il est juste et essentiel qu’iel puisse s’y exprimer et s’y poser des questions.

Si vous pensez que l’élève a besoin qu’on lui pose des questions pour l’aider à s’exprimer, favorisez au contraire les questions ouvertes, centrées sur leur ressenti (Comment tu te sens ? De quoi as-tu besoin ?). 

Votre rôle sera d’écouter les demandes du·de la jeune, ses peurs et ses envies, et d’affirmer verbalement votre soutien. C’est ainsi que vous comprendrez quel rôle vous pourrez jouer pour l’accompagner. En effet, la situation pourra beaucoup différer en fonction de l’entourage du·de la jeune, de ses propres envies et décisions.

Il est essentiel de ne pas parler de l’orientation ou de l’identité de genre d’une personne à sa famille ou à d’autres personnes sans sa demande explicite.

Aujourd’hui, beaucoup de jeunes personnes LGBTQIA+ se retrouvent à la rue à cause d’un manque de soutien de leur famille. Une partie de la communauté éducative est également peu ou mal informée vis-à-vis de ces questions, et il ne vous appartient pas de choisir qui doit être au courant. Si la·e jeune a choisi de se confier à vous, c’est qu’iel vous fait confiance. Vous pouvez en profiter pour vous renseigner sur les compétences et la bienveillance de vos collègues vis-à-vis de la transidentité, en parlant du sujet sans nommer votre élève avec vos collègues (enseignant·e·s, infirmier·ère, psychologue, assistant·e social·e, personnel administratif, etc.). Vous pourrez ainsi informer et conseiller la·e jeune sur les personnels ressources dans l’établissement, et lui permettre de prendre ses décisions en toute connaissance de cause.

Si votre élève souhaite en parler à sa famille, vous pouvez lui proposer de contacter l’association Contact qui permet d’aider les personnes LGBT à communiquer avec leurs parents ou leur entourage et qui possède une ligne d’écoute et des délégations dans différentes villes de France. Si l’élève se sent en confiance avec vous, vous pouvez également lui proposer de l’accompagner dans son coming-out (par exemple sous forme de rendez-vous avec les parents, organisé avec l’élève). Cela permettra aux parents de constater que des adultes engagés dans une profession éducative soutiennent sereinement leur enfant et peuvent les aider à comprendre comment réagir et se comporter avec ellui.

N’essayez pas de convaincre la·e jeune de faire un coming-out non voulu. Vous pouvez la·e prévenir avec bienveillance des possibles difficultés et de votre connaissance de l’établissement (adultes ressource, possibles allié·e·s) et du fait que vous serez présent·e en cas de harcèlement, si c’est son choix. Il s’agit de respecter son consentement sur un sujet qui la·e concerne.

Si la·e jeune est en détresse : proposez une écoute, soyez attentif·ve·s aux éventuelles idées noires et faites le lien avec la·e psychologue scolaire si besoin. Là encore, vous pouvez tâter le terrain auprès de la·e psychologue scolaire avant (il existe des psychologues transphobes ou non compétent·es). Une liste de psychologues volontaires est également disponible ici.

En complément, vous pouvez consulter notre ressource Que faire si un·e jeune me dit qu’iel est trans ?

Etape 2 : La réflexion et le travail collaboratif

Que faire ?

À la fin de ce premier échange et avant de faire appel aux personnes ressources de l’établissement, cernez vos limites. Posez-vous les questions suivantes : Est-ce que je suis assez formé·e ? Est-ce que je sais quoi faire/proposer ? Quels autres personnels vont pouvoir travailler avec moi pour aider la·e jeune dans cette situation ? Qu’est-ce que je ne peux pas faire, pas promettre ? De nombreux paramètres entrent en jeu et ne dépendent pas de vous : l’équipe pédagogique, la famille du·de la jeune, les espaces et les temps disponibles au sein de l’établissement, mais aussi votre propre énergie, le temps et les connaissances dont vous disposez. Il est préférable d’écouter et dire son soutien sans promettre de régler une situation ou de donner de faux espoirs sur des dispositifs dont vous n’êtes pas sûr·e qu’ils pourront être mis en place. Surtout, ne jouez pas aux super-héro·ïnes, acceptez de ne pas pouvoir régler toute la situation tout·e seul·e et allez chercher des ressources ou des collègues que vous avez identifié·e·s comme allié·e·s après l’accord de l’élève concerné·e !

Puis, renseignez-vous sur le harcèlement et la lutte contre les lgbtphobies en milieu scolaire. Vous pouvez consulter ces deux sites :  

Rubrique « Que faire ? » sur le site Non au harcèlement du Ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports. Vous y trouverez des pages pour définir le harcèlement et le cyberharcèlement, des pages d’autoformation en fonction de votre rôle (auteur, victime, témoin, parent, professionnel).

Page « Agir à l’École contre les LGBTphobies : leviers et ressources utiles » sur le site Eduscol du Ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports. Vous y trouverez les moyens, les dispositifs et les ressources du Ministère qui existent afin de lutter contre l’homophobie et la transphobie en milieu scolaire avec :

  • des guides d’accompagnement ( « Tous égaux, tous alliés » : « Prévention de l’homophobie et de la transphobie dans les collèges et les lycées », « Comprendre pour agir : l’homophobie », « Prévention des cyberviolences en milieu scolaire », etc.)
  • des idées de mise en œuvre d’actions éducatives (mobiliser un ensemble d’acteurs au sein de l’établissement, faire participer l’établissement à des concours permettant aux élèves de travailler sur l’homophobie et la transphobie, etc.)
  • la possibilité de créer des « alliances », dirigées par des élèves volontaires, qui permettent d’aborder les enjeux liés aux LGBTIphobies et au sexisme
  • des idées de mise en place de séquences pédagogiques (EMC, EAS et l’ensemble des disciplines)
  • l’appui de personnes ressources et le développement de partenariats
  • etc.

Pour améliorer le climat de l’établissement et sensibiliser l’ensemble des élèves (ce qui est utile que l’élève ait fait son coming-out ou non !), il serait positif de faire venir des associations comme le Mag jeunes ou SOS homophobie qui proposent des Interventions en Milieu Scolaire qui permettent de sensibiliser les jeunes aux problématiques LGBTQI.

Une fois armé·e et renseigné·e sur ce qu’il faut faire et surtout ce qu’il ne faut pas faire, rapprochez-vous de l’infirmier·ère, l’assistant·e social·e ou encore la·e référent·e Égalité de l’établissement. Il est essentiel de connaître, en amont, le positionnement de ces interlocuteur·rice·s vis-à-vis de ces questions afin qu’ils ne proposent pas des solutions contre-productives voire dangereuses (ex : outer l’élève à ses parents au téléphone).

Les professionnel·le·s se doivent de réfléchir avec et pour l’élève. Ensemble, vous trouverez les leviers adéquats. 

Etape 3 : Les propositions 

Accompagner la victime d’agissements LGBTphobes

Le guide d’accompagnement « Tous égaux, tous alliés » : « Prévention de l’homophobie et de la transphobie dans les collèges et les lycées » propose une procédure pertinente afin d’accompagner au mieux les victimes d’agissements LGBTphobes.  Dans la partie “Accompagner la victime” (page 11), ce Vademecum dresse les étapes du suivi de l’élève (recueillir sa parole et l’orienter vers des services d’aide) avec comme point d’appui le Protocole de traitement des situations de harcèlement dans les collèges et les lycées et des rappels (que faire ou non). Une liste de services d’aide nationaux (permanences, chats, lignes d’écoute) est proposée.

Accompagner l’auteur·ice d’agissements LGBTphobes

Dans ce même Vademecum, une procédure pertinente pour accompagner les auteur·ice·s est également proposée (page 12) afin d’élaborer une réponse éducative proportionnée à leur agissement LGBTphobe. La dimension éducative doit se composer d’un rappel de la loi et du règlement intérieur de l’établissement quant au respect d’autrui, d’une sensibilisation de l’élève aux stéréotypes et à leur impact sur le vivre-ensemble, d’un échange pour favoriser une prise de conscience des discriminations, des violences et de leurs conséquences. Un exemple de mise en œuvre d’une mesure de responsabilisation est apporté.

Adaptez ces pistes à votre situation et n’oubliez pas qu’il s’agit d’abord et avant tout de garantir la sécurité et le bien-être de l’élève à l’école.


Sources :
Contre l’homophobie et la transphobie à l’école
Service d’écoute et d’aide aux victimes et témoins d’homophobie et de transphobie
Eduscol « Prévenir l’homophobie et la transphobie à l’École »


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Ces textes sont rédigés par des personnes volontaires et qui souhaitent s’engager dans une posture pédagogique éthique et inclusive. Nous sommes en apprentissage. Si vous trouvez ces contenus incomplets ou maladroits ou que les stratégies proposées vous semblent contre productives ou problématiques, n’hésitez pas à nous en faire part par mail ! Nous serons heureux·se·s d’améliorer ces contenus.

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