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Ressources pour une éducation queer et inclusive

Que faire si un·e jeune me dit qu’iel est trans ?

Document écrit collectivement par Queer Éducation

Vous travaillez dans un établissement scolaire (en tant qu’AED, enseignant·e, personnel technique, infirmier·ère, personnel administratif…) et un·e élève vous fait part de sa transidentité. Voilà quelques pistes pour vous aider à accompagner l’élève au mieux dans cette situation.

Qu’est-ce qu’une personne trans ?

Une personne trans ou en situation de transidentité est une personne dont le genre n’est pas en accord avec celui qui lui a été assigné à la naissance. Concrètement, une personne trans peut souhaiter que l’on s’adresse à elle avec un prénom qui lui semble plus adapté que celui choisi par ses parents, et qu’on utilise des pronoms ou des accords qui correspondent au genre qui lui convient. Certaines personnes trans suivent un parcours hormonal, et/ou peuvent faire des opérations afin que leur corps corresponde à ce qu’elles ressentent en termes de genre. D’autres non.

Une femme trans est une personne qui a été assignée homme à la naissance mais qui est une femme. Un homme trans est une personne qui a été assignée femme à la naissance mais qui est un homme. Une personne non-binaire est une personne qui ne se reconnaît pas dans la binarité femme/homme.*

*Pour plus de vocabulaire, n’hésitez pas à faire un tour sur la page de l’association Outrans.

Que faire ?

De manière générale, votre premier rôle sera d’écouter.

L’élève a en premier lieu besoin que des adultes prennent en compte leur réalité et affirment leur soutien. Pour cela, il est nécessaire d’être attentif·ve à ses besoins et son vécu spécifique.

Faites attention à ne pas assaillir lea jeune de questions auxquelles iel ne saura pas forcément répondre  comment tu vas faire ? Est-ce que tu vas te faire opérer ? Est-ce que tu veux prendre des hormones ? Comment vont réagir tes parents ? » etc). Certaines de ces questions touchent à l’intimité de votre élève, et elles n’ont pas à être abordées à moins que l’élève veuille se confier, auquel cas votre rôle sera simplement d’écouter.

L’élève peut se sentir soulagé·e d’en parler, mais iel peut également se sentir angoissé.e, et votre premier rôle est de lea rassurer en montrant que vous saurez l’écouter (tout en avouant ne pas ressentir les mêmes choses si vous êtes une personne cis), sans lea juger et sans attendre de sa part un savoir et une compréhension absolue de sa situation. Iel est en construction et en apprentissage, et c’est positif. En effet, l’école est un lieu de construction et d’apprentissage, il est juste et essentiel qu’iel puisse s’y exprimer et s’y poser des questions.

Votre rôle ne sera pas de répondre à ses questionnements, mais simplement de rassurer l’élève sur son droit et sa légitimité à se poser ces questions, et/ou à se positionner d’une certaine manière vis-à-vis d’elles (en se définissant comme trans, non-binaire par exemple, en demandant à une prise en compte de ses nouveaux prénoms ou pronom dans l’école, etc).

Si vous pensez que l’élève a besoin qu’on lui pose des questions pour l’aider à s’exprimer, favorisez au contraire les questions ouvertes, centrées sur leur ressenti (Comment tu te sens ? De quoi as-tu besoin ?).

Votre rôle sera d’écouter les demandes du jeune, ses peurs et ses envies, et d’affirmer verbalement votre soutien. C’est ainsi que vous comprendrez quel rôle vous pourrez jouer pour l’accompagner. En effet, la situation pourra beaucoup différer en fonction de l’entourage du jeune, de ses propres envies et décisions.

Il est essentiel de ne pas parler de la transidentité d’une personne à sa famille ou à d’autres personnes sans sa demande explicite. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes personnes trans se retrouvent à la rue à cause d’un manque de soutien de leur famille. Une partie de la communauté éducative est également peu ou mal informée vis-à-vis de la transidentité, et il ne vous appartient pas de choisir qui doit être au courant. Si lea jeune a choisi de se confier à vous, c’est qu’iel vous fait confiance. Vous pouvez en profiter pour vous renseigner sur les compétences et la bienveillance de vos collègues vis-à-vis de la transidentité, en parlant du sujet sans nommer votre élève avec vos collègues (enseignant·e·s, infirmier·ère, psychologue, assistant·e social·e, personnel administratif·ve, etc). Vous pourrez ainsi informer et conseiller lea jeune sur les personnels ressources dans l’établissement, et lui permettre de prendre ses décisions en toute connaissance de cause.

Si votre élève souhaite en parler à sa famille, vous pouvez lui proposer de contacter l’association Contact qui permet d’aider les personnes LGBT à communiquer avec leurs parents ou leur entourage et qui possède une ligne d’écoute et des délégations dans différentes villes de France. Si l’élève se sent en confiance avec vous, vous pouvez également lui proposer de l’accompagner dans son coming-out (par exemple sous forme de rendez-vous avec les parents, organisé avec l’élève). Cela permettra aux parents de constater que des adultes engagés dans une profession éducative soutiennent sereinement leur enfant et peuvent les aider à comprendre comment réagir et se comporter avec ellui.

Si votre élève souhaite vivre dans le genre qui lui correspond dans l’environnement scolaire, il est nécessaire que vous et l’ensemble de la communauté éducative vous mobilisiez afin de former les autres élèves et lui garantir un environnement bienveillant et sécurisé. Le rôle des adultes est ici d’affirmer et de garantir le droit de l’élève à être respecté.e dans son identité sans discrimination. Nous vous conseillons de consulter ce document très complet (concerne le Canada mais largement transposable dans nos classes).

Concernant les espaces genrés dans l’établissement (toilettes et/ou vestiaires) : les toilettes et les vestiaires sont généralement des espaces genrés de manière binaire (masculin ou féminin), et leur usage peut être très anxiogène pour une personne trans. Si l’élève le souhaite, vous pouvez chercher des espaces pour permettre à l’élève de se sentir en sécurité (demander au reste de la communauté éducative d’autoriser l’usage des toilettes des personnels, l’utilisation d’une autre pièce pour se changer en cours d’E.P.S., etc). Il faut également soutenir l’élève dans sa volonté d’utiliser un espace qui lui semble plus adapté, en sachant surtout lea soutenir face aux réactions de ses camarades. Là encore, la décision revient à l’élève. Iel est lea mieux placé·e pour décider. Il est nécessaire de comprendre qu’une élève trans qui souhaite se changer dans les vestiaires des filles, par exemple, doit absolument avoir le choix de le faire. En effet, lorsque les espaces sont genrés, il est extrêmement violent pour une personne trans d’être obligée d’aller dans un espace qui ne lui correspond pas. Plus spécifiquement pour les personnes transféminines, il est important de rappeler qu’elles sont particulièrement visées par les agressions transphobes (*voir rapport SOS homophobie) et que si les femmes cisgenres (qui ne sont pas trans c’est-à-dire dont leur identité de genre correspond au genre assigné à la naissance) peuvent être autrices d’agression, la construction patriarcale de la société fait qu’une majorité des agressions physiques sont faites par des garçons : il est donc vital qu’une élève trans qui le souhaite puisse se changer dans les vestiaires des filles. Il est également possible qu’un élève transmasculin préfère rester dans les vestiaires des filles pour ces mêmes raisons, et là encore le respect du choix de l’élève doit être notre priorité.

N’essayez pas de convaincre le.a jeune de faire un coming-out non voulu. Vous pouvez lea prévenir avec bienveillance des possibles difficultés et de votre connaissance de l’établissement (adultes ressource, possibles allié.es) et du fait que vous serez présent.e en cas de harcèlement, si c’est son choix. Il s’agit de respecter son consentement sur un sujet qui lea concerne.

Si lea jeune est en détresse : proposez une écoute, soyez attentif·ve·s aux éventuelles idées noires et faites le lien avec lea psychologue scolaire si besoin. Là encore, vous pouvez tâter le terrain auprès de lea psychologue scolaire avant (il existe des psychologues transphobes ou non compétent.es). Une liste de psychologues volontaires est également disponible ici.

L’autosupport est très favorable à la santé psy des personnes trans : rencontrer d’autres concerné·e·s aidera lea jeune à parler de sa situation et à trouver des repères et des moyens de se projeter dans l’avenir, de voir la possibilité d’une vie adolescente et adulte la plus épanouie possible.

Certains centres LGBT+ locaux accueillent des associations trans locales ou des ateliers, groupes de paroles ou rencontres qui peuvent fournir un soutien très précieux à l’élève. Des groupes et pages existent également sur divers réseaux sociaux et peuvent aider les jeunes à parler de leur situation, apprendre à se comprendre et rencontrer d’autres jeunes dans cette situation. Les associations Outrans et Acceptess T proposent également un ensemble de ressources en ligne pour se repérer dans les transitions administratives et hormonales.

Pour améliorer le climat de l’établissement et sensibiliser l’ensemble des élèves (ce qui est utile que l’élève ait fait son coming-out ou non!), il serait positif de faire venir des associations comme le Mag jeunes ou SOS homophobie qui proposent des Interventions en Milieu Scolaire qui permettent de sensibiliser les jeunes aux problématiques LGBTQI.

Tout au long de l’année, n’hésitez pas à vous positionner en tant qu’adulte de confiance/ouvert/safe bien qu’aucun·e élève ne soit out dans notre établissement ; cela pourrait aider certain.es jeunes à venir parler ou à se confier. Cela peut se faire en intégrant les questions LGBT+ dans nos cours, en se montrant inclusif et ouvert dès le début d’année, avoir des affiches de sensibilisations dans notre classe… Laissez des indices de ce style dans l’établissement pour que les jeunes soient rassuré·e·s et au clair sur le fait qu’iels seront bien reçu·e·s et bien écouté·e·s au besoin.

N’hésitez pas également à faire circuler cette fiche auprès de vos collègues. Soyez attentif.ve.s aux réactions de vos collègues quand iels évoquent l’élève, corrigez les lorsqu’iels se trompent de pronom ou se positionnent en jugeant ou en se moquant de l’élève concerné·e : les adultes font souvent partie des harceleur·se·s et des perpétuateurices des violences faites aux jeunes trans. Il est essentiel d’être lucide sur la capacité ou l’incapacité de vos collègues à prendre en charge correctement l’élève, afin de ne pas lea laisser seul·e en charge sur ces questions avec un·e adulte transphobe.

Cernez vos limites

Posez-vous les questions suivantes :  Est-ce que je suis assez formé·e ? Est-ce que je sais quoi faire/proposer ? Quels autres personnels vont pouvoir travailler avec moi pour aider lea jeune dans cette situation ? Qu’est-ce que je ne peux pas faire, pas promettre ? De nombreux paramètres entrent en jeu et ne dépendent pas de vous : l’équipe pédagogique, la famille dulla jeune, les espaces et les temps disponibles au sein de l’établissement, mais aussi votre propre énergie, le temps et les connaissances dont vous disposez. Il est préférable d’écouter et dire son soutien sans promettre de régler une situation ou de donner de faux espoirs sur des dispositifs dont vous n’êtes pas sûr.e qu’ils pourront être mis en place. Surtout, ne jouez pas aux super-héro·ïnes, acceptez de ne pas pouvoir régler toute la situation tout·e seul·e et allez chercher des ressources ou des collègues que vous avez identifié·e·s comme allié·e·s après l’accord de l’élève concerné·e !

Pour mieux vous former, cette formation gratuite et en ligne expose les meilleures pratiques de soutien aux personnes trans dans l’enseignement supérieur, mais bon nombre de conseils sont applicables auprès d’élèves plus jeunes.

En conclusion : écoutez les demandes du-de la jeune / ses peurs / ses envies

Si et seulement si lea jeune le demande, utilisez les pronoms et prénom qu’iel souhaite et soyez vigilant.e sur les réactions des camarades en reprenant avec bienveillance toute erreur, et avec intransigeance toute moquerie. Votre rôle est d’assurer la sécurité psychologique et physique de l’élève, de lui permettre de vivre son quotidien d’élève sans discrimination en travaillant à éduquer ses camarades, mais également autant que possible le reste des équipes pédagogiques. Respectez sa volonté de faire un coming-out ou non, et auprès des cercles de personnes qu’iel voudra. Iel sait mieux que vous comment peuvent réagir ses proches et quelle posture lui conviendra le mieux au quotidien. L’intimidation incitant à se taire, à se fondre dans la norme, il est à vous d’aider à ce qu’elle soit plus faible dans votre établissement.

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Ce texte est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Ces textes sont rédigés par des personnes volontaires et qui souhaitent s’engager dans une posture pédagogique éthique et inclusive. Nous sommes en apprentissage. Si vous trouvez ces contenus incomplets ou maladroits ou que les stratégies proposées vous semblent contre productives ou problématiques, n’hésitez pas à nous en faire part par mail ! Nous serons heureux·se·s d’améliorer ces contenus.

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