Avis de lecture // Catherine Grive – Je suis qui je suis
Présentation générale
Catherine Grive. Je suis qui je suis. Le Rouergue, 2016. 126 p.
ISBN : 9782812610585
Genre : roman psychologique réaliste
Thématiques abordées : identité, transidentité, mal-être, adolescence
Public / Pour : Collège
Résumé
Raph est au collège. Quand Raph n’y est pas, Raph traîne avec ses potes ou vole le courrier personnel des voisins dans le hall de son immeuble. Et quand il n’y a personne avec Raph, Raph a mal. Un mal dans la peau, un mal de chagrin. Parce que Raph ne se reconnaît ni en garçon, ni en fille. Entre les deux. Raph ne sait pas.
L’Avis et l’Analyse Queer Education (spoilers)
Ce roman traite de l’interrogation sur l’identité de genre chez une adolescente qui ne se sent ni fille ni garçon, à travers une narration à la première personne.
La dimension psychologique est très importante car le chagrin de Raph est un fil rouge tout du long de l’histoire ; cela la pousse à voler le courrier de ses voisins d’immeuble, elle n’a aucune amie (uniquement des amis).
Néanmoins, le sujet important de la transidentité n’est absolument pas mentionné. Raph se demande si elle est lesbienne mais rejette le questionnement car ce n’est pas de savoir si elle est amoureuse le principal mais de savoir qui elle est : fille ou garçon.
De plus, Raph est dans un schéma de pensée extrêmement binaire (fille/ garçon, pas d’entre-deux, pas de nuance) et une justification de son état de détresse psychologique est faite en fin d’ouvrage venant culpabiliser sa mère. En effet, l’autrice de l’histoire a pris le parti de justifier l’errance identitaire de Raph par le fait que sa mère aurait voulu avoir un enfant de sexe biologique masculin ; la tristesse de la mère aurait été transmise à Raph.
Exploitations éducatives et/ou pédagogiques possibles :
- pour les professionnel·les
- médiation possible : idéal pour lancer un débat au sein d’un groupe/ d’une classe sur ce que c’est d’être une fille / un garçon ; sur l’identité de genre, l’expression de genre
- prescription : lecture croisée avec It de la même auteurice qui va explorer la question de la transidentité d’un personnage assigné femme à la naissance
- pour les personnes voulant s’adresser à un·e jeune proche (famille…)
- prescription : Un roman court, idéal pour une lecture rapide
Avis des contributeurices
Solène :
Je suis qui je suis raconte l’histoire d’un·e d’ado, qui n’arrive pas à se reconnaître dans les autres ni dans un genre masculin ou féminin. C’est l’histoire de quelqu’un·e de perdu·e. A la puberté, il y a des signes qui ne trompent pas et Raph sait s’iel est une fille ou un garçon physiquement. Mais c’est mentalement, psychologiquement que Raph ne sait pas. Raph essaie de se construire, en pleine adolescence, avec le rapport à soi et le rapport aux autres.
Les 40 premières pages sont admirablement bien écrites. Aucun moyen de savoir (mais le veut-on vraiment ?) si Raph est une fille ou un garçon. Puis, on sait. Et c’est à partir de là que le roman m’a moins intéressée. La fin, d’ailleurs, tente de justifier la raison de ce que Raph vit. Pourquoi ne pas réussir à se reconnaître en fille ou en garçon ? Et cette justification m’a laissée amer. Peut-on, doit-on toujours justifier les raisons de ce type de tristesse et de mal-être ?
Il n’est nulle question d’homosexualité, nulle question de transidentité ou du moins rien de direct, d’écrit. C’est vague, c’est flou. Mais on se pose des questions, on s’interroge. Ça peut déranger parce que c’est différent. Mais c’est l’occasion de les questionner, ces différences.
Ce livre permet de s’interroger sur les genres masculins et féminins, sans nommer les choses. Il permet d’approcher doucement des questionnements que certain·e·s jeunes peuvent se poser à l’adolescence.
Pour proposer un article, une séquence de cours, un témoignage, des sélections de ressources queer accessible aux plus jeunes ou une autre idée formidable, c’est par ici !
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